Gaëtan 30 ans né à Marseille
Série d’interviews des pratiquants d’aïkivudao. Chacun s’est prêté à un jeu de questions-réponses afin de présenter son parcours dans les arts martiaux et dans l’aïkivudao.
– quand as tu commence l’aikido/aikivudao ?
J’ai
commencé la pratique de l’aïkibudo-viet (la discipline se nommée
comme telle lorsque j’ai débuté) en septembre 2002, j’avais 13
ans.
– qu’est ce qui t’as emmené à pratiquer ?
Nous avions l’habitude de nous taquiner à l’école, de se courir après et par moment de s’amuser à faire la bagarre entre nous. Un camarade de classe s’amusait à plusieurs reprises à nous montrer des clés de bras, des esquives et quelques enchaînements techniques. A force de subir, je lui ai demandé où est ce qu’il avait appris à faire ça et c’est à partir de ce moment qu’il m’a présenté son club, son enseignant et j’ai démarré ma pratique de la discipline.
– pourquoi l’aïkido/aikivudao ?
Je ne pensais pas faire de la self défense ou un art martial plus jeune, je faisais déjà du tennis et de la gym, mes parents auraient voulu m’inscrire en école de cirque mais ce n’était pas à la mode et ce genre de cursus coûte cher en investissements et en sacrifice, étant trop jeune cela ne s’est pas fait. Ensuite je voulais faire du Tae Kwon Do, étant souple (à cette époque^), mais une fois de plus les horaires du club le plus proche de chez mes parents n’étaient pas adaptés, et mes parents ne voulaient pas faire de trajets en voiture aussi tard, les cours étaient de 20h à 21h30. Etant dans l’année de passer l’examen du brevet des collèges, la priorité était aux études et non à un loisir.
Par chance le club d’aikibudo-viet le plus proche de chez moi était situé à 5 minutes à pied et les horaires étaient parfaitement adaptés, de 17h30 à 19h, mes parents ont pu dire oui et j’ai pu me rendre au cours de façon autonome tout en ayant le temps de faire mes devoirs avant( et après^).
– comment se sont passé tes premiers cours, quel âge avais tu ?
Pour mon premier cours, j’avais 13 ans, nous avons démarré par un échauffement complet et assez intensif, j’ai accroché rapidement, ensuite il y a eu la phase d’apprentissage pour ce premier cours, nous ne pouvions être spectateurs. Dès la première technique exécuté par le professeur, j’étais fasciné et émerveillé à chaque fois que je voyais un élève subir la technique tomber sur le tatami sans se faire mal, malgré la vitesse d’impact au sol (à cette époque et pour mon premier cours je ne savais pas que celui qui subissait était un UKE, je l’ai longuement appris plus tard à mes dépend ^^), Je ne comprenais pas tout du premier coup mais cela m’a plu de comprendre comment esquiver une attaque et me servir de cette attaque pour la retourner contre « l’agresseur » (qui était un partenaire du cours). Et depuis ce premier cours cela fait 18 ans que je n’ai pas lâché.
– as tu déjà pratiqué d’autres arts martiaux, lesquels et combien de temps ?
Non, à part des stages d’aïkido avec différends professeur lorsque j’étais à Paris, dont un avec un maître japonais Sensei YAMASHIMA Takeshi qui est 7ème DAN AIKIKAI TOKYO.
– as tu déjà pratiqué d’autre sports, lesquels et combien de temps ?
Je pratique le Tennis en loisir et en compétition, j’en fais depuis 2013. J’ai fait de la gym dans les années 2000 jusqu’en 2010 (j’ai dû arrêter à cause d’une déchirure aux ligaments croisés anterieurs), j’ai ensuite fait un peu de cascade en chorégraphie de combat de 2006 à 2010 sur Paris
– que penses tu de l’aïkido moderne ?
Il est difficile de cerner l’aïkido en soit, en regardant des vidéos d’archive de Ô Sensei UESHIBA Morihei, nous pouvons constater que sa forme et très combative presque agressive, ce qui ressemble à ce que j’ai connu depuis mes débuts. Ensuite il y a la pratique de ceux qui disent pratiquer l’aïkido traditionnel, moins d’atémis, moins de contact, beaucoup plus de déplacement et de synchronisation avec le partenaire.
L’aïkido moderne n’est plus pour moi une discipline à la mode qui donne envie aux gens.
Ce qui reste pour certain est l’identité ou bien le nom de celui qui pratique qui engendre un effet de mode (par exemple monsieur Steven SEAGAL).
En prenant en compte le contexte et l’adaptation de la société, il y a beaucoup de personnes qui se tournent vers un sport de combat ou une discipline qui possède des compétitions. Le besoin de montrer son palmarès ou de prouver aux autres que nous sommes le meilleur. Le manque de compétitions peut démotiver les gens à s’inscrire dans une discipline martiale. Ceci fait partie de la nouvelle génération.
Un retour aux sources du BUDO ferait beaucoup de bien aux pratiquants et redonner un sens à leur pratique.
– pourquoi continuer à pratiquer ? Qu’est ce que ça t’apporte ? Dans la vie en général ?
Je continue de pratiquer car, j’ai beaucoup évolué avec cette discipline, j’ai trouvé pour ma part un juste milieu et un équilibre à moi même.
A mes débuts quand je n’avais que 13 ans, j’étais comme beaucoup d’adolescents, je me cherchais, je n’avais pas forcement de grande confiance en moi, je ne savais pas quoi faire de mon avenir ni où aller et surtout j’étais une pile électrique inépuisable et je n’arrivais pas à me canaliser, j’étais suivi pour mon asthme par un pneumologue pour apprendre à gérer mon effort. Pratiquer cette discipline (en parallèle du tennis) m’a permis de me canaliser, apprendre à respirer correctement pendant un effort et surtout réussir à me tenir sans gesticuler toutes les 2 minutes. La pratique de cette discipline m’a permis de mieux coordonner mes gestes et ma synchronisation du mouvement. Elle me permet aujourd’hui de la mettre en pratique dans mon travail (je suis policier), je suis plus rapide et plus efficace dans ma gestuelle et j’ai un meilleur contrôle de moi même en situation de stress.
– quels sont les meilleurs moments vécus à l’aikivudao ?
Très bonne question, il y en a plusieurs, je vais commencer par citer mon premier moment marquant (comme pour beaucoup je pense), le passage de ma ceinture noire en juin 2008, une étape incontournable dans la vie du pratiquant. Quelle fierté lorsque ton professeur t’annonce qu’il te retient en tant que candidat pour le passage de la ceinture noire et que les mois son comptés pour faire tes preuves et lui prouver que tu est à la hauteur de ses attentes. Une année riche en émotion, nous étions une dizaine de candidats du même professeur de trois clubs différents cette année à être présentés pour ce grade. Cela a engendré indirectement une compétition de celui qui aura la meilleure note, ce qui nous a permis de hausser notre niveau tout au long de l’année et être un bon cru selon les dires de Sensei ROUVIERE Jean pierre.
Ensuite il y a eu les démonstrations au sein du club et celles avec les autres clubs qui se déroulaient en fin d’année, une très bonne expérience mais aussi les démonstrations à la salle Vallier (Marseille) pour des associations comme Paroles D’Enfants, les arts martiaux font leur cinéma etc.
Celle qui m’aura le plus marqué est celle de 2007, quelques semaines avant de passer l’examen de la ceinture marron, l’une de mes grandes premières démonstrations ou j’avais pu pratiquer pour l’aikibudo-viet et aussi avec l’équipe de cascade de Paris, notre Directeur Technique Actuel avait rendu possible cet évènement.
Il y a eu ensuite d’autres évènements marquants positifs, la présentation au diplôme d’animateur permettant d’assister l’enseignant pendant les cours et le passage du diplôme fédéral d’instructeur, une première étape vers le long chemin de l’enseignement et de l’enrichissement personnel.
Chaque passage de DANG était une grande satisfaction, je suis actuellement 3ème DANG et je prépare mon 4ème DANG.
–
quels furent les moments les plus difficiles ?
Il n’y en a pas eu beaucoup mais, des moments marquants, mon premier était lié à mon passage de ceinture noire et l’importance que m’avait donné mon enseignant aux yeux des autres, cela avait provoqué beaucoup de tension et de jalousie, je ne pratiquais pas pour avoir les faveurs de l’enseignant, je progressais plus vite que les autres et cela ne plaisait pas. Dans les vestiaires et sur le tatami l’ambiance était souvent malsaine, certains cherchaient délibérément à blesser l’autre pour l’empêcher de se présenter à la ceinture noire.
Il y a eu l’année de mon 1er DANG retardé par une déchirure aux ligaments croisés antérieurs gauche, j’ai du être écarté des tatamis un certain temps, le chirurgien m’avait dit 9 mois d’arrêt et étant têtu et inconscient à cet age, j’étais présent au club avec les béquilles 3 semaines après l’opération. J’ai présenté mon 1er DANG 4 mois après l’opération alors que ça représentait un risque pour mon genou. J’étais aveuglé par la course au grade et j’ai pris ce risque bête, j’ai obtenu une bonne note quand même ^^. Si c’était à refaire je ne le referai plus, les conséquences sur les articulations et le corps sont trop importantes sur le long terme. Le moment le plus difficile moralement fût l’année de mon 3ème DANG, pendant ma préparation les évènements ont fait que je n’ai pas pu me présenter correctement et assidûment. J’ai été écarté du tatami par mon enseignant et j’ai dû préparer un peu seul en autodidacte, en visualisant chaque attaque, chaque technique, chaque déplacement, je n’ai eu que 2 ou 3 mois vraiment pour pratiquer, de plus durant l’année de préparation j’ai intégré la formation de Gardien de la Paix à l’école nationale de police de Nîmes, je ne pouvais pratiquer que le week-end. Cette année m’a vraiment porté un coup au moral et j’ai présenté mon 3eme DANG en candidat libre et surtout en pensant fortement à arrêter de pratiquer. J’ai ensuite eu beaucoup de discussion avec les anciens et notamment Patrick (notre DTN) qui m’a permis de me recentrer sur ce que je voulais vraiment et que je serai vraiment bête de gâcher 16 ans de pratique du jour au lendemain.
Depuis je prends encore plus de plaisir à partager mon enseignement, ma pédagogie et ma vision de notre art martial.
Je suis ressorti vraiment plus fort de ces expériences.
– comment vois-tu ton évolution dans l’aikivudao (enseigner, progresser, passer des grades, ouvrir une salle, faire des stages en donner…)
J’ai la chance de pouvoir enseigner une fois par semaine pour le moment dans un club, j’attends d’ouvrir mon propre club (j’attends des réponses des mairies pour l’attribution d’une salle en septembre 2020) et partager mes connaissances, mon expérience et ma vision de la discipline. Si les choses arrivent à terme, je me présenterai lors de la saison 2020/2021 en candidat pour l’obtention du 4ème DANG.
Ce qui me plaît c’est de pouvoir intégrer dans mon enseignement le principe de la légitime défense et adapter ma pratique en conformité avec la loi (Code Pénal). Grâce à cette mise en place d’enseignement j’arrive à me renouveler dans mes techniques et avoir une pratique plus en lien avec la réalité du terrain.
En ce qui concerne les stages, j’aimerai apporter ma pierre à l’édifice en montrant de nouvelles techniques que j’ai pu développer au fur et à mesure des années de pratiques.
– quels sont les maîtres d’arts martiaux qui t’inspirent le plus ?
Comme pour beaucoup je pense, Jackie CHAN, JET-LI, Chuck NORRIS, Bruce LEE, Jean-claude VAN DAME, Sammo HUNG, tout ces maîtres respectifs dans leur art nous ont inspiré, il y en a eu d’autre mais qui ne sont pas forcément des maîtres, ce sont des experts dans leur discipline martiale ou autre, Cyril RAFAELI, Chau BELLE,
Un enseignant qui m’a beaucoup plu et m’a bien inspiré, je l’ai découvert par hasard sur internet, Mike JONES un enseignant 2eme DAN à New York appartenant à l’AIKIKAI, en regardant sa forme de corps et sa pédagogie, j’ai beaucoup appris et je me suis étonnement reconnu dans sa pratique.
– quels sont les maîtres d’aïkido qui t’inspirent le plus ?
Il n’y en a pas énormément que je dirai m’avoir inspiré. Ceux qui m’ont inspiré ce sont des professeurs avec lequel j’ai pu pratiquer lors de stage, Farouk BENOUALI, Brahim SI GUESMI, SENSEI Takeshi YAMASHIMA, ils m’ont permis de développer de nouvelles méthodes de travail, une approche différente sur les techniques.
Une expérience à renouveler pour partager nos connaissances.
– comment t’imagines tu dans plusieurs années ? Encore pratiquant ?
Difficile de se projeter. Mon objectif principal et de pouvoir partager mes connaissances aux autres, ouvrir ma salle, continuer de pratiquer en essayant de me renouveler, toujours progresser et m’améliorer.
– crois tu que les arts martiaux donnent un « pouvoir supplémentaire » ?…
Les arts martiaux ne donnent pas de pouvoir supplémentaire, ils nous apportent des réflexes et modifient notre façon d’agir et de réagir.
Tout sport permet de s’améliorer et d’apporter un plus, une meilleure capacité respiratoire, une meilleure synchronisation du corps etc.
J’ai pu expérimenter à 4 ou 5 reprise lors de diverses interventions dans ma profession. Ce que j’ai retenu ce sont les réflexes acquis après toutes ces années de pratiques. C’est ce que je me tue à dire aux licenciés sur le tatami, pendant les cours ce qui vous aidera à l’extérieur ce sont les réflexes que vous allez acquérir.
– souhaites tu t’investir dans la fédération ou la technique ?
Chacun d’entre nous s’investit à sa façon, après certains le font plus que les autres en fonction des disponibilités et du bon vouloir de chacun. Je me suis toujours impliqué et investi comme j’ai pu le faire. J’ai commencé mon investissement lorsque j’ai passé mon diplôme d’instructeur en voulant me sentir utile et apporter ma pierre à l’édifice. J’ai ensuite eu la chance d’être nommé responsable évènement et stage actuellement je suis secrétaire adjoint dans la fédération. Quelque-soit le rôle que j’aurai, je ferai toujours en sorte d’apporter mon petit quelque chose pour améliorer notre discipline, nous développer, pouvoir participer à des démonstrations, des stages, nous élargir dans notre pratique et également nous recentrer sur la pratique du Budo qui s’est pour moi un peu perdu.