Ecole d'Aïkido - art martial japonais, aikibudoviet
 
RANDORI

RANDORI

C’est quoi ? A quoi ça sert ?

En aïkido il n’y a pas de combat à proprement parlé. La raison en est simple. Les techniques d’aïkido ont souvent une finalité définitive : soit une projection, soit une blessure sur un os ou une articulation. Et les projections peuvent être dangereuses (imaginez un irimi nage sur une plaque de béton…).

C’est pour ces raisons, que la compétition ne s’est jamais vraiment développée dans la discipline. D’abord parce qu’elle limite à quelques mouvements autorisés par un règlement une pratique martiale très riche, et face à des risques de blessures irréparables. De plus le fondateur Morihei Ueshiba n’y a jamais été favorable. Nous verrons cependant plus loin qu’un système compétitif s’est développé sous la direction du maitre Kenji Tomiki.

Or, l’affrontement à l’entrainement est essentiel pour retrouver l’origine guerrière et martiale de l’aïkido, et pouvoir ressentir le stress du combat. Ce stress est important pour comprendre la finalité des mouvements dont l’objectif initial était de terrasser un adversaire… de manière définitive. Bien entendu nous ne sommes plus à l’ère des samouraïs, et nous ne sommes plus en situation de guerre quotidienne. Toutefois l’essence d’un art martial est la maitrise de technique guerrières, militaires ou de défense. Il est important de l’accepter pour avancer.

De la même manière où l’on comprend que s’entrainer au katana est une version contemporaine de la maitrise d’une arme destinée à pourfendre son adversaire. D’une arme qui tranchait, ôtait la vie ou causait de graves blessures … Une telle approche permet d’apporter du sérieux à sa pratique, et un profond respect à ses techniques, à leur maitrise et parfois à l’arme que l’on utilise.

Pour s’approcher de cette sensation l’aïkido propose un travail qui peut se nommer jyu-waza, ou randori. Il s’agit d’une forme de travail libre, qui peut présenter plusieurs niveaux de difficultés et un rythme plus ou moins rapide. Il peut s’exécuter face à un ou plusieurs attaquants.

Dans cette forme de travail, le TORI (celui qui est attaqué) choisit ses techniques sur l’instant, en fonction de l’attaque qui est choisie elle-même par le UKE (celui qui attaque).

Malgré la simplicité de ce principe, on peut néanmoins définir quelques formes différentes :

  • randori sur un seul type d’attaque : shomen (frappe de haut en bas type matraque), tsuki (coup de poing direct), saisies kata-dori (épaules) ou katate-dori (poignets)…
  • randori sur attaques uniquement : coups de pied, de poing, shomen, yokomen (frappe en diagonale de haut en bas)…
  • randori sur saisies uniquement : aihanmi (poignet opposé), gyaku (poignet de face), kata (épaules), ushiro (arrière)…
  • randori complet : Cette dernière version est à pratiquer après un certain niveau (ou alors en vitesse réduite pour les moins expérimentés). Le UKE choisit spontanément son attaque qui peut être une saisie, une frappe des poings, des pieds, de la tête, des genoux, des coudes…
  • Une exception : le randori compétitif de l’aïkido Tomiki ou Shodokan. On remarquera la limitation des techniques dues aux règles de compétition.

L’objectif du randori est de permettre au TORI de mettre en application ses techniques sans réfléchir (ou pas trop) et de manière quasi instinctive. Ce travail est important pour développer la rapidité de réaction, et maintenir un esprit combatif. L’aïkido n’est pas une danse, même si ses mouvements sont beaux. Les arts martiaux ont ce point commun, la maitrise des mouvements et leur exécution parfaite, donnent une impression d’harmonie qui participent à les rendre si captivants ! Cela se retrouve dans tous les arts martiaux : la perfection de la coupe au iaïdo, la rapidité au kendo, l’extrême précision de l’impact en karaté, la souplesse du judo, l’explosivité du kung fu ou la fluidité de l’aïkido.

Un point essentiel pour une bonne réussite d’une technique est … une bonne attaque. UKE ne doit pas se donner à minima, mais doit exprimer sa pleine puissance dans son attaque. Il doit vider son esprit et ne pas penser à son petit bobo au pied ou sa journée de travail passée. Il doit tout donner et « à fond ». Ce principe permettra au TORI de prendre conscience de l’importance du moment. De se mettre dans la position guerrière du combattant. UKE doit attaquer comme si il devait détruire celui qui est en face de lui. TORI doit pratiquer comme si sa vie en dépendait à chaque attaque. C’est un peu excessif, mais cet état d’esprit qui en découle permet aux deux pratiquants d’être en parfaite communion. Un randori réalisé dans ces conditions est un « bon randori ». Généralement tout deux vont quitter le tatami central complètement vidés et libérés, heureux d’être venus au dojo ce jour là… Bien entendu tout ce travail doit se faire en accord entre les deux pratiquants. Et doit se faire progressivement (un débutant n’est pas jeté dans l’arène dès son arrivée au club…)

Mais atteindre ce niveau est bien sûr très rare. Non pas qu’il faut être un expert 10ème dan, mais aussi parce que la réussite d’un mouvement dépend aussi de deux personnes : UKE et TORI. Elle dépend aussi de l’instant, des conditions, de l’environnement, du temps, de l’humeur, de la fatigue ou de sa capacité à se détacher de la technique. Réussir un mouvement, un randori c’est atteindre une harmonie où tous ces éléments se réunissent dans un parfait alignement des planètes.

Cela dit, nous vous promettons que lorsque vous aurez atteint ne serait-ce qu’un jour, ou lors de quelques instants cet état d’harmonie, vous ne l’oublierez jamais. L’aïki sera ancré en vous pour toujours, il fera partie de votre vie à tout jamais !