Ecole d'Aïkido - art martial japonais, aikibudoviet
 
Christophe

Christophe

42 ans, né à Marseille

Série d’interviews des pratiquants d’aïkivudao. Chacun s’est prêté à un jeu de questions-réponses afin de présenter son parcours dans les arts martiaux et dans l’aïkivudao.

– Quand as tu commence l’aikido/aikivudao ?
En janvier 1995

– Qu’est ce qui t’as emmené à pratiquer ?
A l’époque j’étais assez marqué par le cinéma et notamment par les films de Steven Seagal. C’était le premier à montrer vraiment l’aïkido et à lui donner un côté efficace !

– Pourquoi l’aïkido/aikivudao ?
Mon cousin Jean-Marc (ceinture noire), pratiquait déjà depuis de nombreuses années, il m’a accompagné au club. Aujourd’hui il a du arrêter pour raisons professionnelles (il est policier CRS)

– Comment se sont passé tes premiers cours, quel âge avais tu ?
Les premiers cours étaient très bien car on travaillait à la fois avec des anciens et des débutants. Cela permettait de progresser rapidement. Pour ma part j’avais 17 ans mais je me sentais très bien accueilli. Même si les entrainements étaient parfois durs.

– As tu déjà pratique d’autres arts martiaux, lesquels et combien de temps ?
J’ai déjà fait du karaté pendant 2 ans de 12ans à 14ans. Cela m’a donné une agressivité positive qui me sert beaucoup aujourd’hui en aïkido. Cela me permet de rester toujours incisif dans les techniques et mes attaques.

– As tu déjà pratiqué d’autre sports, lesquels et combien de temps ?
Mon 1er sport était le football, pendant 2 ans de 10 a 12ans.

– Que penses tu de l’aïkido moderne ?
J’ai l’impression qu’il évolue et c’est une très bonne chose car il faut s’adapter à son temps. Même si la tradition est importante, on ne vit plus aujourd’hui comme on vivait du temps des samouraïs. Le monde évolue. L’aïkido reste un art martial et en ça il doit garder une efficacité martiale face au monde d’aujourd’hui. Sinon l’aïkido n’aura plus de sens, se fera dépasser techniquement et n’attirera plus personne. Il ressemblera à une suite de mouvements vides de sens.

– Pourquoi continuer à pratiquer ? Qu’est ce que ça t’apporte ? Dans la vie en général ?
C’est assez compliqué à expliquer. Tout d’abord, je continue à pratiquer par habitude. L’aïkido est devenu mon quotidien, je me lève avec, je dors avec. Il accompagne chaque geste, chaque pensée… Je ne dirais pas qu’il est devenu ma religion, mais presque. J’imagine sans arrêt de nouvelles idées, techniques, ou manière de s’entrainer, d’expliquer à mes élèves.
D’autre part, c’est aussi un moyen de poursuivre un exercice physique pour mon corps qui prends de l’âge ! Et l’aïkido est une très bonne façon de garder la forme, de rester éveillé physiquement.
De plus, et avec les années, je m’aperçois que l’aïkido m’a apporté et continue à m’apporter une certaine sérénité. Autrefois très nerveux, bagarreur, je suis beaucoup plus détendu au quotidien, dans ma vie, mon travail. Je vois les choses avec calme. Chaque situation conflictuelle me semble relative. Je garde toujours dans un coin de ma tête l’image du tatami, du dojo… Et ça c’est très rassurant.

Quels sont les meilleurs moments vécus à l’aikivudao ?
Il y en a beaucoup. Quand on commence jeune, on traverse avec l’aïkido sa jeunesse et ses meilleurs moments. Il est donc évident que sa vie est liée à la pratique. On y rencontre du monde, des amis, parfois plus (j’y ai rencontré Béatrice, ma femme et également pratiquante), on vit des moments forts.
Autrefois, les moments les plus agréables étaient toutes les fêtes, repas, et week-end sportifs que nous organisions. C’était vraiment très fort. On partait par exemple, tous les ans à la Grande-Motte pendant le week-end de pentecôte. Entre entrainements, démonstrations, repas, fêtes entre amis, c’était vraiment exceptionnel.
Il y avait aussi les démonstrations, et notamment celle organisées à Marseille au palais des sports ou à la salle Vallier. Quand on a 20 ans et qu’on se retrouve devant les projecteurs devant des milliers de personnes, c’est un moment particulièrement remarquable. Il faut des heures de préparation, des réflexions, des « secouages » de son professeur, on essaye, ça ne marche pas, on recommence, on teste des chutes, des techniques, on est sûrs de tout oublier. 30 secondes avant de rentrer sur le tatami on a tout oublié, et puis … ça se passe bien. Et à la fin on a vécu un truc entre pôtes qui vous uni et vous remotive pour venir pratiquer tous les jours. Aujourd’hui, et avec l’âge, on aborde plus les démonstrations de la même manière, mais on essaye de motiver les jeunes pour qu’ils ressente la même chose.

Quels furent les moments les plus difficiles ?
Quand j’ai vu tous les anciens qui étaient pour la plupart devenus des amis ou des modèles techniques, arrêter les uns après les autres. Certains pour des raisons professionnelles d’autres pour parfois déménager a l’étranger. Les époques changent et quand on reste sur place, on voit le monde bouger autour de soi. C’est parfois triste. Même si on découvre dans les nouveaux pratiquants et dans les cours beaucoup de nouveaux bons moments !

– Comment vois tu ton évolution dans l’aikivudao (enseigner, progresser, passer des grades, ouvrir une salle, faire des stages en donner, …)
Cela fait 3 ans que j’enseigne maintenant, dans un dojo magnifique. Et cela m’apporte énormément. Bien sur je cherche toujours à progresser en participant à des stages, en regardant des vidéos, en m’informant en permanence sur l’aïkido et sur les arts martiaux en général.
Les grades ne m’intéressent plus maintenant, je suis plus dans l’optique de former et conseiller les nouveaux haut-gradés et à les aider à ouvrir leur propre salle.

– Quels sont les maîtres d’arts martiaux qui t’inspirent le plus ?
Bien sûr O Sensei Morihei Ueshiba mais aussi l’histoire de Ip Man (maitre de wing chun et professeur de Bruce Lee) !

– Quels sont les maîtres d’aïkido qui t’inspirent le plus ?
Au delà de O Sensei Morihei Ueshiba, dont l’histoire inspire au-delà de l’aïkido, je reste impressionné par l’histoire de Morihiro Saito considéré comme le gardien des techniques par Morihei Ueshiba avec qui il a étudié pendant plus de 20 ans. Ses techniques reste pures et claires et sont une référence pour la pratique et l’enseignement.

– Comment t’imagines tu dans plusieurs années ? Encore pratiquant ?
Toujours pratiquant et indéfiniment ! Et également continuer à enseigner. L’enseignement est une extension de la pratique et permet de voir de nouveaux élèves porter l’esprit de notre école. Celle de Jean-Pierre Rouvière.

– Crois tu que les arts martiaux donnent un « pouvoir supplémentaire » ?…
Non je ne pense pas. C’est juste de la pratique, de la sueur et de l’humilité. Mais cela ne donne pas de pouvoir spécial. Cela aide juste à mieux comprendre le monde…

– Souhaites tu t’investir dans la fédération ou la technique ?
Je me suis porté volontaire il y a quelques année pour prendre la place de Thierry comme président de la fédération FAKVDF, fonction que j’assume pour préserver une structure administrative de notre école. Je suis également président de mon club.
Les fonctions administratives restent d’une grande importance pour permettre aux élèves d’évoluer dans un environnement protégé et sécurisé.
Par exemple, lors de la crise du COVID-19, nous avons pris des mesures strictes pour suspendre l’activité de nos clubs tout en assurant un suivi des clubs.
Nous avons une énorme responsabilité vis à vis des élèves, des enfants, des familles. C’est un engagement nécessaire pour garantir une pratique sereine.
Depuis quelques temps nous incitons également nos clubs à s’affilier à la FFST afin de développer avec eux une reconnaissance de notre école.
Cela fait beaucoup de travail, d’assemblées générales, de réunions, de papiers et d’administratif. Mais je me sens impliqué dans cette partie car je veux que notre école subsiste et se développe.
Au niveau de la technique, je reste membre de la direction technique en tant qu' »Ancien ». Je me prépare à donner des stages afin de transmettre notre discipline avec mes mots, ma manière. Être membre de la direction technique c’est aussi faire évoluer la pratique, trouver des variantes de pratique ou d’enseignement, tout en étant au plus proche de la réalité de l’affrontement moderne. Et c’est une vaste tâche !